Page:Julien empereur - Oeuvres completes (trad. Talbot), 1863.djvu/413

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seulement par un ordre de lui, mais il a dû nous créer en vue de cette différence. Il a donc fallu d’abord une différence naturelle entre des nations qui devaient vivre différemment. On le voit d’après les corps mêmes, si l’on considère la différence qu’il y a entre les Germains, les Scythes, les Libyens et les Éthiopiens. Cela peut-il se faire par un ordre pur et simple ? Le climat, le pays, l’état du ciel n’y sont-ils pour rien ?

7. Moïse s’est plu à obscurcir ce fait à dessein, et il n’a pas attribué la confusion des langues à son Dieu seulement. En effet, il dit que Dieu ne descendit pas seul, mais plusieurs avec lui, et il ne dit pas quels étaient ceux-là. Il est évident qu’il donne à entendre que ceux qui descendirent avec lui étaient semblables à lui. Si donc le Seigneur n’est pas le seul auteur de la confusion des langues, mais que ceux qui étaient avec lui les ont aussi confondues, on est fondé à en conclure qu’ils sont les auteurs de la diversité des nations.

8. Où donc ai-je voulu en venir par cette longue discussion ? À ceci, que, si le Créateur prêché par Moïse veille sur le monde, nous avons de lui une opinion meilleure en le considérant comme le maître commun de l’univers. Les autres dieux sont préposés aux nations et placés sous ses ordres, comme les ministres d’un roi, et s’acquittent chacun de leurs fonctions d’une manière différente. Ainsi nous ne mettons point Dieu dans la dépendance de ces subalternes et nous ne supposons pas qu’il partage avec les dieux qui dépendent de lui. Que si Dieu, pour honorer quelqu’un de ses ministres, lui a confié le gouvernement de l’univers, mieux vaut, en suivant notre doctrine, reconnaître à la fois ce Dieu de l’univers, sans méconnaître l’autre, que d’honorer le Dieu à qui est échu le gouvernement d’une petite partie du monde, au lieu d’honorer le Dieu de l’univers.

Extraits du livre V de saint Cyrille.

1. On trouve admirable la loi de Moïse, le Décalogue[1] : « Tu ne voleras point. Tu ne tueras point. Tu ne rendras pas de faux témoignage. » Transcrivons mot à mot chacun des commandements que Moïse assure avoir été écrits par Dieu lui-même : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai retiré de la terre d’Égypte. » Et après : « Tu n’auras point d’autres dieux que moi. Tu ne te feras point d’idole. » Et il en donne la raison : « Car je suis le Seigneur ton Dieu, qui punit les fautes des pères sur

  1. Exode, chap. xx, et Deutéronome, chap. iv.