Page:Justin - Apologies, trad. Pautigny.djvu/91

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XXVII. Quant à nous, bien loin de commettre l’injustice ou l’impiété, nous regardons comme un crime d’exposer les enfants, d’abord parce que c’est les vouer presque tous à la prostitution, non seulement les jeunes filles, mais les jeunes garçons. De même qu’autrefois on élevait des troupeaux de bœufs et de chèvres, de moutons et de chevaux, ainsi aujourd’hui on élève des enfants uniquement en vue de la débauche. Chez toutes les nations on trouve une quantité de femmes, d’êtres d’un sexe douteux, de créatures infâmes, livrée à ce commerce, [2] et vous percevez sur ce trafic des droits, des tributs et des impôts au lieu de l’extirper de votre empire. [3] Et parmi ceux qui abusent de ces malheureux, outre que ces plaisirs sont impies, sacrilèges et impurs, peut-être s’en trouve-t-il qui abusent d’un enfant, d’un parent, d’un frère. [4] Il y en a qui prostituent leurs enfants et leurs femmes ; d’autres se mutilent publiquement en vue de la prostitution infâme et célèbrent les mystères de la mère de Dieu ; et à chacun de vos dieux vous donnez pour attribut le grand et mystérieux symbole du serpent. [5] Voilà les horreurs que vous commettez ouvertement, dont vous vous faites honneur, et que vous nous accusez de commettre, les lumières éteintes, plongés dans l’obscurité[1]. Ces accusations ne nous atteignent pas, puisque nous sommes innocents de ces crimes : elles retombent plutôt sur les auteurs de ces infamies et de ces calomnies.

XXVIII. Nous appelons le chef des démons serpent, satan et diable, comme vous pouvez le voir en lisant nos livres. Il sera jeté au feu, avec son armée et

  1. Voy. Intr., § 19.