Page:Kaempfen - George Sand, paru dans L’Univers illustré, 17 juin 1876.djvu/10

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peut ouvrir la bouche sans qu’il en sorte des diamants, des émeraudes et des rubis. George Sand n’avait qu’à prendre sa plume pour qu’il en tombât des pierreries. Elle était seule à ne pas le savoir. Après avoir écrit la dernière ligne d’un livre, si elle se demandait : « Mon livre est-il bon ? est-il mauvais ? » elle ne pouvait se répondre. Elle acceptait très-aisément le jugement des autres, trop aisément parfois. Le soir, à Nohant, elle lisait volontiers à ses hôtes ce qu’elle avait écrit dans la nuit précédente. Si quelqu’un faisait une critique et qu’elle la crût juste, elle déchirait sans hésiter des pages entières.

Elle y avait, il est vrai, moins de mérite qu’une autre ; remplacer ces pages sacrifiées lui coûtait si peu de peine ; elle travaillait si facilement et si vite !

Plusieurs de ses romans étaient mis au net au fur et à mesure qu’elle les écrivait. L’ami qui recopiait son manuscrit à côté d’elle me racontait un jour qu’elle avait quelquefois rempli son feuillet avant qu’il eût