Page:Kahn - La Pluie et le Beau Temps, 1896.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
la pluie et le beau temps

Elle se rue de force épouvantable aux digues
Ses appels résonnent aux remparts de briques
Comme pour provoquer quelque adversaire géant.
Elle sonne la menace contre bêtes et gens
Pour lutte de voix haute et de tonnerre
Elle se broie en appels stridents
Roulant des blocs de pierre aux mains de durs Titans.

Des galops de rafale s’enlèvent
Croissent et durent, chargent contre le seuil
Immobile de la terre en deuil ;
Les vagues vers la lune comme des seins se soulèvent
De tous leurs lourds remous d’horreur et de naufrage,
Palpitent furieuses et se bombent
Tandis que le vent de toutes ses trompes
Accélère leurs bonds de rage.

C’est la rumeur des grands trains fous
Dressant les wagons en feu
Avec des grappes d’êtres tordus
D’êtres aplatis sous les coups
Du métal aveugle et furieux
Et des faces subites de fous
La bouche fendue en un grand trou.