Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/41

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banqueter joyeusement, le bouillant orateur populaire avait de nouveau obtenu les honneurs du martyre, soit de l’incarcération. La foule, en effet, était dense au dehors. Dès le matin, les coopératives avaient sillonné la ville, précédées, en guise d’emblème, de leurs voitures de livraison. Les hommes intéressés à leurs occupations les suivaient avec des chansons, des hurrahs, des approbations pour le bon train des choses, et de nombreuses stations, non loin de brasseries populaires et achalandées.

La multitude en ce jour de fête était bien diverse. Derrière les joyeux compagnons, politiciens plus que réformateurs qui suivaient les voitures sacrées, base de la future féodalité financière qui devait étrangler l’autre, venaient de silencieuses files de vrais meurts-de-faim, amenés de petites villes usinières pour manifester leur misère. Au matin du grand jour, les choses