Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/63

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l’air factice, ont alourdi l’horizon. Des approches du crépuscule, une aqueuse tristesse s’épand et vient affleurer le sol comme brumeux, de maigres bétails rentrent, de petits lièvres détalent à des détours de sentiers. Les petites villes montrent de loin un bout de clocher ardoise, bien distantes de leur gare, signe d’anti-civilisation ; et du ciel plus brumeux et gris dont les lointains se gonflent de vapeur noirâtre et pluvieuse, plus de mélancolie gagne ce train qui trottine maintenant en petite vieille affaissée, sans sonorité, en petite vieille porte-cabas, filant en pays pauvre comme sous une étreinte de misère. Ah ! quel ennui, quel ennui ! et des heures encore, durant des heures, remuer à vide dans ce wagon ; quoi faire ! Dormir lourdement, lire ce roman anglais ou ce roman français acheté en gare. Lire ! lui Sparkling le joyeux compagnon, lire autre chose que du nécessaire et des échos du monde. Ah ! non, jamais.