Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/66

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tances. « Je vais chez ma femme, prévenez-la et préparez-lui son Mont-blanc et ses glaciers, » avait dit un soir l’illustre prince, le plus célèbre de ses soirs de gaîté, et ce fut peut-être son seul mot drôle, encore que la paternité lui en ait été disputée par bien des sourires entendus. Un parfum de lilas de Perse avait sillage peu auparavant dans les escaliers particuliers de la demeure princière, côté du prince, — côté bien séparé de celui de la princesse par une large cour égayée de la présence d’un factionnaire, et d’un mélancolique tambour assis aux portes d’un corps de garde. Un mot, un parfum, cela avait fait jaser, d’autant que le lendemain le pasteur Manlius Tocker, appelé au palais, demeura deux bonnes heures dans le cabinet de travail du prince, ce cabinet dit d’Acier, si connu par ses ornements, panoplies de vieux sabres précieux et de masses d’armes garnissant toute la paroi.