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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/21

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PREMIERS POÈMES

Nous maintenons cette étiquette, Vers libre ; d’abord parce que ce fut celle qui s’imposa d’elle-même, spontanée, à nos premiers efforts ; elle dit mieux le sens de notre essai de rajeunissement que cet affreux mot, vers polymorphe, inventé par la critique hostile, et qui fait penser à quelque terme d’une nomenclature scientifique, déplacé d’ailleurs en matière d’esthétique du vers. C’est aussi parce que nous jugerions trop lourd, au seuil de poèmes, un exposé pédant, que nous éviterons de donner ici, sur la structure du vers, trop de renseignements techniques ; aussi bien nous ne tentons pas en cette préface un traité de prosodie, ni un traité complet du vers libre. On se contentera de quelques éclaircissements historiques et de paroles d’un poète à ses confrères. M. Anatole France a dit quelque part (en substance) que les poètes trouvaient leurs rythmes, et se forgeaient leur langue, assez inconsciemment, et qu’ils étaient disgracieux, s’essoufflant à démonter les rouages de leur strophe ; c’est fort possible, et il faut émettre en principe qu’on fait d’abord ses vers, et qu’on s’en précise ensuite la rythmique. Mais n’est-ce point là, déjà,