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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/32

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syllabes. Les personnes que l’harmonie douce de Lamartine requiert ne pouvaient, en bonne justice, ne point admirer les beaux vers publiés dans le premier Parnasse, et la chuchotante, magique, illuminée harmonie de l’Après-midi d’un Faune. D’un autre côté, Verlaine et Rimbaud s’étaient avisés de briser le vers, de le disloquer, de donner droit de cité aux rythmes impairs. C’est il y a onze ans que Jadis et Naguère nous vint apporter tant de courbes gracieuses et flexibles, et peu après, la bienveillance de Verlaine me mettait en possession du manuscrit des Illuminations que je publiais immédiatement dans la Vogue. Les vers de Rimbaud qui faisaient partie des Illuminations, affranchis de bien des entraves, n’étaient point le vers libre, non plus que ceux de Verlaine. De très habiles dissonances sur la métrique ancienne donnaient l’apparence qu’un instrument nouveau chantait, mais apparence illusoire ; c’était, avec bien du charme et de la ductilité en plus, avec un sens très critique, l’ancienne rythmique : je dis bien rythmique et non poésie, car je m’occupe ici de la forme et non de la gamme toute neuve d’idées qui frissonnait en ces