Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/118

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jamais le cortège qu’on attend, le cortège des idées fondamentales n’y paraisse, et distrayant le populaire, accouru sur la foi des renommées, par des parades, des entrées de danse, et des discours qui résorbent une de ses opinions antérieures. Les autres, ambitieux de moins creux, négligent tous ces lumineux préparatifs, dont l’attente toujours leurrante leur semble oiseuse, et cherchent en des coins, en des caveaux d’eux-mêmes, à trouver la trace de ce cortège des idées, sachant bien que la première obtenue et vaincue attire à soi les autres. Mais chez ces contemplateurs absorbés en eux, souvent les fenêtres sont ternes, ou, comme dans les maisons maures, le jardin éclatant, plein de vasques, d’enfants en pourpre, d’eaux jaillissantes, de mélancoliques mélopées de guitare, de parfum de roses, est au centre de la maison et gardé contre le vulgaire par un quadrilatère de murs grisâtres : la foule impatiente se porte vers le prédicant et vers les prestigieux jongleurs, et seuls quelques délicats entrent à la maison réservée.

Quels que soient les défauts et les qualités d’Hugo, quelque prédominance qu’on veuille ajouter à ses qualités sur ses infériorités, Hugo est de la première de ces races d’hommes, la plus puissante en contemporanéité, mais la moins haute, la moins métaphysique, la moins noble. Avoir rappelé ces deux courants de pensée me ramène aux différences d’enthousiasme entre les contemporains de Hugo et aussi entre les écrivains ou publics des générations succédantes. De son temps ; très nettement, Nerval fut vaincu, c’est-à-dire obscurci. Stendhal fut également obscurci, et