Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/356

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de Musset sur les œuvres. C’était d’ailleurs plutôt contre les lamartiniens et les mauvais rejetons de Musset qu’ils étaient en lutte. Ils admirent (Hugo mis à part et au-dessus de tout, « le Père qui est là-bas dans l’Île », comme leur disait Banville, le Mancenilier, comme il fut dit plus tard), ils respectèrent Vigny, célébrèrent fort Gautier ; leur sympathie alla, diversement chaude, à Auguste Barbier et aux frères Deschamps.

Plus proches d’eux par l’âge, c’étaient Leconte de Lisle, Banville et Baudelaire. Baudelaire leur apprit beaucoup de choses, mais on ne saurait à aucun degré le traiter de parnassien.

Il est à noter que, quoique les Parnassiens se soient toujours réclamés de Baudelaire, aucun n’affiche jamais pour lui une admiration aussi lyrique, aussi expansive que celles dont furent honorés Leconte de Lisle et Banville. La cause en est que les rapports entre Baudelaire et les jeunes poètes du Parnasse étaient fortuits. Baudelaire, épris de musique autant que de plasticité, cherchant un vers d’une sonorité encore plus suggestive que pleine, devait leur plaire parce qu’il les avait devancés dans la lutte contre les lamartiniens et les mussettistes aux expansions fluentes ; ils le goûtèrent aussi en tant que critique, mais ne le comprirent entièrement ou ne l’adoptèrent pas à fond ; l’indifférence de Baudelaire pour les dieux hindous, les urnes, les armures y fut pour quelque chose. Ils ressentirent toujours envers lui un pou de ce sentiment de gêne qui dictait à Sainte-Beuve et à Théophile Gautier, lorsqu’ils parlaient de Baudelaire, des paroles restrictives, disant que Baudelaire s’était fait,