Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/385

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fallu l’évolution symboliste et la mise en question de la prosodie traditionnelle pour provoquer un sursaut et un retour d’attention, dont ils ont, d’ailleurs, pour leur part bénéficié.

Le mouvement symboliste a déplacé la question pour le Parnasse qui devenait, aux yeux de tous, dûment ce qu’il était, un parti, pour ainsi dire conservateur ; et contre les novateurs qui ont réformé la technique et réinfusé de la vie à la poésie, il s’est fait une alliance, à peu près, de tous les poètes fidèles au rythme traditionnel ; cela a rapproché du Parnasse une foule de fidèles du Classicisme ou du Romantisme, des lamartiniens ou des mussettistes exactement pareils à ceux qu’on maudissait à l’hôtel du Dragon-Bleu et qui auparavant niaient les Parnassiens, quoi que ceux-ci fussent alors les plus intéressants des poètes de tradition ancienne. Il faut pourtant se rendre compte que ces adeptes nouveaux, pas plus que les jeunes écrivains amis du Parnasse qui pratiquent le vers libéré, ne sont des Parnassiens, et il ne faut pas croire à un grandissement subit et tardif de l’école. C’est un beau coucher de soleil et non une aurore. C’est la fin, dans le respect et l’attention admirative et émue, d’un groupe qui fit son devoir, qui sut maintenir la gloire du vers, et qui, s’il n’augmenta rien, ne laissa pas déchoir. Les Anthologies tiendront grand compte de leur production. Il leur a manqué que l’un d’eux, soit M. Mendès, soit M. Dierx, écrivît un livre de vers qui s’imposât tout entier comme la Légende des Siècles, les Destinées, les Fleurs du mal ou les Exilés. Il est honorable pour eux qu’on puisse penser que,