Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/40

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dents et les symbolistes c’était tout autre chose, alors. Le mot de décadent avait été créé par des journalistes, quelques-uns l’avaient, disaient-ils, ramassé comme les gueux de Hollande avaient arboré l’épithète injurieuse ; pas si injurieuse et pas si inexacte.

On se souvient de l’admirable étude de Théophile Gautier qui précède l’édition des Fleurs du Mal et où Gautier développe la beauté particulière et chatoyante du style aux époques de décadence. Ce sont des lignes qui ne tombèrent pas dans les oreilles sourdes, et, quoique le mot fut surtout applicable à ce qu’on dit de la décadence latine, on arriva à l’appliquer à notre époque, par dérivation plutôt politique, l’Empire, le Bas-Empire, Paris, Byzance et autres sornettes.

Mallarmé, autrefois, m’avait parlé du vicomte de Montesquiou avec des éloges pour son aménité, son dandysme, son élégance, (sans souffler mot de son art).

Le raffinement particulier de M. de Montesquiou, son goût pour le chantournement, sa façon de dissimuler les portes de son appartement et d’égayer les tapis aux frais de la santé des tortues orfévrées, avaient infiniment séduit l’intelligence avide de petites nouveautés de M. J. K. Huysmans.

Notre grand dyspeptique avait aimé notre grand fleuriste. M. J. K. Huysmans, qui eut un beau talent un peu lourd et simple avant de se jeter dans le bain trouble de Sainte-Lydwinne, venait de Gautier, de Baudelaire, et aussi des Précieuses, et aussi de Zola. Ses livres naturalistes, en dehors du meilleur, En Ménage, jolie étude sentimentale amère, à la Flaubert (Éducation Sentimentale), présentaient une curieuse étude de l’argot.