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UNE CAMPAGNE DU SYMBOLISME 89

Fcfes Galantes, les Uns et les Autres, nombre de petits poèmes charmeurs et caressants, l’autre qui inspira les cris de foi de Sagesse, le dialogue avec Dieu, et ceux où la passion poignante et clairvoyante pour la femme sa sœur, s’affirme en tant de sonnets qui resteront aux mémoires humaines. Au fond même cette différence que nous voulons voir, cette sorte de différence physique entre les gammes et les couleurs de ses poèmes n’est en sorte que deux manières d’être, que deux vestitures différentes de sa sensation, de son sentiment fondamental ; dans le premier cas Verlaine, en des moments — comme de santé absolue et d’indulgence corporelle — agite les marionnettes à la Watteau, et dans une langue exquisement décorative, agile, il leur fait passer aux lèvres sans cesse ce sourire mouillé, cette gai té tendre que lui et Heine ont su, à ces heures, évoquer en eux. Au second cas, abstraitement, sans décors, ou en tel décor qui n’est qu’un rythme, il synthétise sa douleur spéciale et personnelle non telle qu’elle fut subie, mais telle qu’elle demeure à travers les transfigurations de tant d’errances et de stagnances à la vie et dans les idées ; et c’est ce point spécial de s’être refusé à toujours dire ses sensations dans les modes amples mais roides d’une anecdote ou d’uge fresque, de faire parler sa voix par celle d’une effigie de comédien, qui fait la grandeur, de Verlaine, et le caractérise, et fixe sa place parmi l’évolution des vrais poètes. Car s’il est logique et légitime de penser que tous les phénomènes humains peuvent, en leur état essentiel, être ramenés à un petit nombre de faits généraux, et que, ceci admis, l’œuvre littéraire à faire consiste à