Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/248

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paraît maintenant nettement établi : en tête la cavalerie, puis les éclaireurs, le gros de l’armée, les réserves, le train, enfin les correspondants de guerre. Aujourd’hui, le quartier général doit être au comble de ses vœux, il a réussi à placer une montagne entre la bataille et nous.

On nous fait coucher à la gare d’Anchantien, évacuée le matin même par les Russes. Nous sommes encore plus furieux que la veille. Hier et avant-hier, on ne nous a rien montré du tout ; aujourd’hui, on nous a imposé le supplice de Tantale.

Vers sept heures, M. Okabé, le sourire aux lèvres, vient nous donner le compte rendu de la journée et nous annonce l’abandon de huit canons par les Russes. C’est ajouter la raillerie à la torture. J’exprime au porteur de nouvelles mon indignation et j’ajoute :

— L’état-major s’est moqué de nous consciencieusement. Je ne sais ce qu’en pensent mes collègues, mais pour ma part, j’en ai assez. Que vous le vouliez ou non, je vous préviens que je verrai la prochaine bataille à ma manière, la vôtre ne me suffit pas.


29 août.

Jour de repos. Nous ne quitterons Anchantien que demain. Pour nous consoler de nos déboires, on nous