Nous entrâmes dans sa chambre, et causâmes longuement en buvant du thé et en fumant des cigarettes. Le major sortit de son portefeuille une photographie de son fils dans un groupe de collégiens :
— C’est une des dernières fois que je vois son portrait, me dit-il, car je serai tué là-bas.
Et par les trous du châssis de papier, il indiquait la ligne bleue des collines occupées par l’ennemi.
Je lui reprochai ses sombres pressentiments et lui rappelai sa promesse de me faire visiter Chidzouoka. Mais il secoua la tête et je me sentis tout attristé en le quittant.
Il me fallut longtemps pour regagner la gare d’Anchantien, en me frayant un passage sur la route à travers les voitures. Cet encombrement me donna l’occasion de passer en revue les divers systèmes de transport employés par les Japonais.
La question du ravitaillement est plus importante encore pour l’armée nipponne que pour toutes les autres, eu raison du régime d’alimentation particulier des soldats du Mikado.
Ils sont très sobres et se contentent d’une nourriture modique, mais ne peuvent se passer des vivres auxquels ils sont habitués.
Il leur faut du riz, et même du riz d’une certaine qualité ; rien ne saurait le remplacer. Au lieu de poisson, on a fini par les accoutumer au bœuf con-