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19 mars.

J’ai résolu de tenter moi-même la fortune à l’état-major et je me suis rendu chez le général Osagaoua, pour qui j’ai apporté de Paris une lettre de recommandation. Je me suis fait accompagner par un interprète japonais, ancien drogman du consulat de Yokohama dont on a reconnu les services en lui octroyant une décoration du Cambodge, pays dont il ignore la situation géographique et peut-être l’existence.

Le général m’a reçu dans son bureau, qui m’a rappelé par sa simplicité spartiate la salle de police à Saint-Cyr : quatre murs blancs, une table, deux chaises et c’est tout. Le général Osagaoua, qui revient de Corée où il accompagnait le marquis Ito, est le premier Japonais que je n’ai pas vu sourire. Son officier d’ordonnance essaie vainement de converser avec moi en français et j’ai recours à mon interprète pour exposer ma requête : « Quand vais-je partir pour l’armée ? » Là-dessus une conversation animée s’engage entre les Nippons ; elle se prolonge pendant un quart d’heure, et je m’attends à une réponse intéressante, lorsque l’homme au ruban cambodgien s’adresse enfin à moi :