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major auquel je faisais part de celle résolution, il y a quelques jours, l’a accueillie par des cris de paon :

— Vous pouvez recevoir voire ordre de départ d’une heure à l’autre, et si vous êtes en province à ce moment, vous manquerez le convoi et ne pourrez rejoindre l’armée.

Cet argument me parut décisif et me replongea dans mon ennuyeuse oisiveté.


2 avril.

Aucune nouvelle du théâtre de la guerre ne vient nous distraire. Sur mer, on s’observe, on se bombarde à grande distance sans résultat. En Corée, la marche pénible vers le nord se continue lentement ; on est encore loin des premier éclaireurs russes. D’ailleurs, nous n’avons pour nous renseigner que de très rares comptes rendus officiels et les feuilles anglo-japonaises de Yokohama, dont l’impartialité est plus que suspecte. Aussi attendait-on avec impatience les articles plus désintéressés de la presse européenne. Aujourd’hui, nous avons vu avec joie entrer en rade un paquebot portant le premier lot de journaux français parus depuis le commencement de la guerre.