Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/334

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produire un effet ridicule à Londres et à New-York, et les exposeront sans doute aux reproches de leurs directeurs.

Ils ont réclamé leurs passeports en protestant ; les lettres adressées à ce sujet au chef d’état-major étaient conçues en termes singulièrement violents. Le général Otchiaï en a même renvoyé quelques-unes sans y répondre.

Pour ma part, si je n’ai pas à me plaindre des Japonais depuis Anchantien, eux, au contraire, ont à se plaindre de moi. Mon rapport justificatif n’a pas été de leur goût ; il est vrai que j’y avais décrit mon aventure avec une certaine ironie en expliquant comment j’avais suivi la bonne route et que mes collègues et leurs guides s’étaient malencontreusement égarés.

Je n’ai pas été surpris ce matin quand on me fit comprendre que je devais m’en aller. Cela fut fait à la mode japonaise qui exige, on le sait, que les condamnés d’un certain rang s’exécutent eux-mêmes. On se garda de rien me dire personnellement ; mais on prévint mes confrères que ma correspondance serait interceptée, mes mouvements surveillés, et autres aménités du même genre.

Faisant donc bonne mine à mauvais jeu, je me rendis auprès de M. Okabé, lui déclarai que j’avais vu tout ce que je désirais voir, et demandai à partir.