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hommes et non des kilomètres carrés qu’on emploiera. À ce point de vue, la supériorité de la Russie est moins écrasante. Sa population est de cent trente millions dames environ ; celle du Japon, près de deux tiers moindre, ne compte que quarante-sept millions d’habitants. Mais ce chiffre est sensiblement égal à celui de l’Allemagne et bien supérieur à celui de la France, puissances que tout le monde considérerait comme parfaitement capables de se mesurer victorieusement avec l’empire moscovite.

La Russie prétend pouvoir mettre sur pied, en temps de guerre, six millions d’hommes ; une proportion semblable entre la population et l’armée donnerait pour le Japon deux millions deux cent mille soldats, ce qui représente un contingent respectable. Mais ce ne sont là que des chiffres théoriques qui ne pourront être appliqués en réalité à cause des difficultés de réapprovisionnement en vivres et en munitions. La Mandchourie est une province pauvre ; les Russes, en temps de paix, sont obligés d’y concentrer des dépôts considérables de farine américaine pour l’entretien des garnisons ordinaires ; il sera donc impossible d’y trouver les ressources nécessaires à des armées importantes. Le Japon, malgré sa flotte nombreuse de transports et d’affrétés, éprouvera bien des difficultés à nourrir ses troupes ; ce sera