ou transformés par des réformes ou des révolutions, a seul déterminé le Japon à combattre la Chine autrefois et la Russie aujourd’hui. Il ne fait en cela que se conformer à la loi qui régit les nations à qui des progrès rapides ont donné soudainement une puissance nouvelle. Ainsi la Hollande au xvie siècle, à peine affranchie du joug espagnol, se lança à la conquête des mers. La Prusse, dès qu’elle eut été érigée en royaume, se constitua une armée solide, avec laquelle Frédéric II put tenir tête à la coalition formidable des trois plus grandes puissances militaires de son temps. Plus tard, la République française, après avoir repoussé l’invasion, jeta ses jeunes bataillons à travers l’Europe. Enfin, l’Allemagne consacre par la guerre étrangère son unité si lentement et si patiemment accomplie.
Le Japon suit aujourd’hui l’exemple de ses devanciers. Il n’accepta pas facilement les réformes brutales qui remplacèrent en quelques années une féodalité querelleuse par un Gouvernement constitutionnel, les armures et les deux sabres des samouraï par des fusils à répétition, et les jonques de guerre par des cuirassés et des torpilleurs. Il fallut qu’on le menaçât sans cesse de l’exemple de la Chine violée par les barbares en 1860 et qu’on lui promît une puissance égale à celle des États occidentaux. Dès qu’il crut l’avoir obtenue, il lui en fallut la sanction.