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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/42

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s’ils trouvent un jour la mort dans les rizières de Corée ou les forêts de Mandchourie, la postérité leur rendra de semblables honneurs ; eux aussi recevront alors des offrandes qui réjouiront leurs âmes dans les cieux. Aucun sort ne leur paraît plus beau, et c’est gaiement qu’ils s’entassent dans les trains qui les emportent vers les champs de bataille. Pendant le parcours, on les voit, serrés contre les fenêtres des wagons, regarder une fois encore leur beau pays, tout couvert des fleurs roses des cerisiers, et là-bas au loin, derrière les collines bleues, le cône neigeux du Foudji tutélaire qui veille sur l’île sacrée.

Il y a cinq cent mille de ces braves petits soldats et derrière eux toute une nation ardente qui ne demande qu’à combler les vides que les balles causeront dans leurs rangs. Une telle armée, un tel peuple ne sont pas à dédaigner. Les Russes et leurs amis feraient bien de s’en souvenir.


8 avril.

Depuis quelques jours, la subdivision militaire de Tokio est en pleine mobilisation ; le spectacle n’est pas nouveau pour les habitants. La capitale, en effet, est le chef-lieu de deux divisions : la garde impériale et la première division de ligne. La garde a été