Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/50

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s’ensuivirent. Un pique-nique de proportions plus modestes fut offert à trois cent quatre-vingts masseurs aveugles qui s’en allèrent voir (?) les pruniers en fleur de Souguita et furent attachés l’un à l’autre par une longue corde à la façon des alpinistes.

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Cette digression nous a emmenés fort loin du palais de Chiba, à la porte duquel un kourouma me déposa à l’heure fixée. Le soleil ne s’est pas rendu à l’invitation de son arrière-petit-neveu ; mais tous les correspondants sont là, solennels et corrects. Ils ont quitté, pour des redingotes, les vestes khaki et se tiennent en rangs d’oignons devant un nombre égal de Japonais tout aussi corrects. Ces messieurs sont décorés à l’extrême. Les journalistes anglais et même quelques américains portent des brochettes de médailles à rubans multicolores, qui témoignent de leur présence à de nombreuses hécatombes d’Afghans et de Soudanais ; nos hôtes nippons remédient à la quantité par la qualité : ils n’ont qu’une rosette, mais elle est d’un diamètre imposant, et les rayons rouges, sur le fond de soie blanche, lui donnent un air de roue de carrosse. Personne ne se parle d’un groupe à l’autre ; un silence de mort règne sur la fête.

Le palais est de construction récente et d’architecture occidentale ; des planchers cirés ; au mur des