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d’Occident » contre la « Montagne d’Hitatchi ». La victoire du champion de Tokio déchaîne un enthousiasme furieux parmi ses compatriotes et nous emprisonne dans la salle longtemps encore après la fin du spectacle.

Le jiou-jitsou (traduction littérale : art de la souplesse) est le véritable sport national du Japon. Il n’est pas limité à un nombre restreint d’adeptes ; on l’enseigne dans des salles publiques, à Tokio et dans les grandes villes. Les écoles militaires possèdent toutes des professeurs de jiou-jitsou ; les agents de police sont également tenus de l’apprendre, et c’est à leur salle que mon interprète me conduisit pour me montrer un assaut entre deux lutteurs fameux.

Le principe du jiou-jitsou est de ne jamais employer la force mais de se servir, au contraire, de la force de l’adversaire. Dès que celui-ci pousse on appuie, on l’entraîne dans la direction de son effort jusqu’à ce qu’il ait perdu l’équilibre. Ainsi lorsqu’il donne un coup de poing, on l’évite d’un saut en arrière, puis on saisit le bras en le tirant à soi. Il suffit alors d’une simple opposition du pied contre la jambe de l’assaillant pour le jeter à terre. La passe n’est pas terminée ; on ne se contente pas, en effet, de tomber l’ennemi, il faut encore l’empêcher de se relever et de reprendre la lutte. Ce résultat est obtenu