Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


cause, la liberté ne doit pas être exempte de toute loi, quoique ses lois ne soient pas celles de la nature ; au contraire elle doit être une causalité agissant d’après des lois immuables, mais d’une espèce particulière ; autrement une volonté libre serait une absurdité. La nécessité physique était une hétéronomie des causes efficientes ; car tout effet n’était possible que d’après cette loi, que quelque autre chose déterminât la cause efficiente à la causalité ; que peut donc être la liberté de la volonté, sinon une autonomie, c’est-à-dire une propriété qu’a la volonté d’être à elle-même une loi ? Mais cette proposition : la volonté est à elle-même sa propre loi dans toutes les actions, ne désigne autre chose que ce principe : n’agis jamais d’après d’autres maximes que d’après celles qui peuvent être érigées en lois universelles. Or c’est précisément la formule de l’impératif catégorique et le principe de la moralité. Donc une volonté libre et une volonté soumise à des lois morales sont une seule et même chose.

Si donc on suppose la liberté de la volonté, il suffit d’en analyser le concept pour en dériver la moralité avec son principe. Cependant ce principe est toujours une proposition synthétique, qu’on peut exprimer ainsi : une volonté absolument bonne est celle dont la maxime peut toujours s’ériger, sans se détruire, en loi universelle ; car je ne puis trouver par l’analyse du concept d’une volonté absolument bonne la qualité que j’attribue ici à sa maxime. Des propositions synthétiques, comme celle-ci, ne sont possibles qu’à la