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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


tenant au monde sensible, et, quant à ce qui peut être en lui pure activité (c’est-à-dire quant à ce qui arrive à la conscience immédiatement, et non par l’intermédiaire des sens), comme faisant partie du monde intelligible, dont il ne sait rien de plus.

Tout homme qui réfléchit arrivera à cette conclusion sur toutes les choses qui peuvent se présenter à lui ; et probablement on la retrouverait aussi dans le vulgaire, dont l’esprit est, comme on sait, fort disposé à supposer derrière les objets des sens quelque chose d’invisible, d’existant en soi *[1], mais qui gâte cette excellente disposition en donnant une forme sensible **[2] à cet invisible, c’est-à-dire en voulant en faire un objet d’intuition, et ainsi ne se trouve pas plus avancé.

Or l’homme trouve réellement en lui-même une faculté par laquelle il se distingue de toutes les autres choses, même de lui-même, en tant qu’être affecté par des objets, et cette faculté est la raison. Comme spontanéité pure, la raison est encore supérieure à l’entendement, car, quoique celui-ci soit aussi une spontanéité, et qu’il ne contienne pas seulement, comme le sens, des représentations, qui ne naissent qu’autant qu’on est affecté par des objets (et, par conséquent, qu’on est passif), il ne peut pourtant produire par son activité d’autres concepts que ceux qui servent à ramener les représentations sensibles à des règles, et à les unir par là en une même conscience, et, sans ces données de la sensibilité auxquelles il s’applique, il ne

  1. * für sich selbst Thätiges.
  2. ** dises Unsichthare sich bald wiederum versinnlicht.