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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


toutes les actions des êtres raisonnables, comme la loi de la nature à tous les phénomènes.

Ainsi se trouve dissipé le soupçon de cercle vicieux que nous avions élevé nous-mêmes sur notre manière de conclure de la liberté à l’autonomie, et de celle-ci à la loi morale. On pouvait croire en effet que nous n’avions pris pour fondement l’idée de la liberté qu’en vue de la loi morale, pour conclure ensuite celle-ci de celle là, et que, par conséquent, de cette loi même nous ne pouvions donner aucune raison, mais que nous l’avions mise en avant comme un principe que les âmes bien pensantes nous accorderaient aisément, quoique nous ne pussions l’établir sur aucune preuve. Mais nous voyons maintenant que, en nous concevant libres, nous nous transportons dans le monde intelligible, où nous reconnaissons l’autonomie de la volonté, avec sa conséquence, la moralité, mais que, en nous concevant soumis au devoir *[1], nous nous considérons comme appartenant au monde sensible et en même temps au monde intelligible.


Comment un impératif catégorique est-il possible ?


L’être raisonnable se place comme intelligence dans le monde intelligible, et ce n’est que comme cause efficiente, appartenant à ce monde, qu’il nomme sa causalité une volonté. D’un autre côté, il a conscience de faire aussi partie du monde sensible ; c’est dans ce monde qu’ont lieu ses actions, comme purs phéno-


  1. * als verpflichtet.