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PRÉFACE.

Puisqu’en effet ils ne le veulent pas, apparemment parce qu’ils ne le peuvent pas, il faut bien que nous nous mettions à l’œuvre à notre tour pour chercher dans l’usage moral de la raison et fonder sur cet usage les concepts de Bien, de la liberté et de l’immortalité, dont la spéculation ne peut pas garantir suffisamment la possibilité.

Ici s’explique enfin cette énigme de la critique, qui est de savoir comment on peut refuser toute réalité objective à l’usage supra-sensible des catégories dans la spéculation, et leur accorder cette réalité relativement aux objets de la raison pure pratique, car cela doit nécessairement paraître inconséquent, tant que l’on ne connaît cet usage pratique que de nom. Si en effet une analyse approfondie de la raison pratique nous fait voir qu’en attribuant ici la réalité objective aux catégories, on ne va pas jusqu’à les déterminer théoriquement, et jusqu’à étendre la connaissance au supra-sensible, mais qu’on indique seulement par là qu’il faut leur supposer un objet au point de vue pratique, soit parce qu’elles sont contenues a priori dans la détermination nécessaire de la volonté, soit parce qu’elles sont inséparablement liées à l’objet de cette volonté, alors il n’y a plus rien là d’inconséquent, puisqu’on fait de ces concepts un autre usage que la raison spéculative.

Et loin de trouver ici quelque chose d’inconséquent, nous avons au contraire, ce que nous pouvions à peine espérer jusque-là et ce qui doit beaucoup nous réjouir, une confirmation de la façon de penser consé-