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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.

cherche les causes déterminantes du désir et qu’on les place dans le plaisir qu’on attend de quelque chose, on ne s’inquiète pas de savoir d’où vient la représentation de cet objet agréable, mais seulement jusqu’à quel point elle est agréable. Une représentation a beau avoir son siège et son origine dans l’entendement, si elle ne peut déterminer la volonté qu’autant qu’elle suppose le sentiment d’un plaisir dans le sujet, il dépend entièrement de la nature du sens intérieur qu’elle soit un principe de détermination pour la volonté puisqu’il faut que ce sens puisse en être affecté d’une manière agréable. Que les représentations des objets soient aussi hétérogènes qu’on le voudra, que ce soient des représentations de l’entendement, ou même de la raison, en opposition à celles des sens, le sentiment du plaisir, qui seul en fait proprement des causes déterminante de la volonté (l’agrément, le contentement qu’on attend de l’objet et qui pousse l’activité à le produire) est toujours de la même espèce car non-seulement on ne peut jamais le connaître qu’empiriquement, mais il affecte une seule et mène force vitale[1], qui se manifeste dans la faculté de désirer, et, sous ce rapport, il ne peut se distinguer de tout autre principe de détermination que par le degré. Autrement comment pourrait-on comparer, sous le rapport de la quantité[2], deux principes de détermination entièrement différents quant au mode de représentation, pour préférer celui qui affecte le plus la faculté de désirer ? Le même homme peut rendre, sans l’avoir lu, un livre instruc-

  1. Lebenskraft.
  2. Grösse.