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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


servirait pour conduire l’homme à la même fin à laquelle elle a destiné les animaux, sans lui assigner une fin supérieure. Sans doute, suivant le dessein de la nature, l’homme a besoin de la raison pour prendre toujours en considération son bien et son mal *[1] mais il la possède encore pour un but supérieur, c’est à-dire pour prendre aussi en considération ce qui est bon ou mauvais en soi **[2], ce bien et ce mal dont la raison pure peut juger seule et indépendamment de tout intérêt sensible, et même pour distinguer absolument cette dernière considération de la première, et faire de celle-là la condition suprême de celle-ci.

Pour juger de ce qui est bon ou mauvais en soi ***[3] et le distinguer de ce qui n’est bon ou mauvais que relativement ****[4], voici quels sont les points à considérer. Ou bien un principe rationnel est conçu comme étant déjà par lui-même, ou indépendamment de tout objet possible de la faculté de désirer (c’est-à-dire par la seule forme législative de la maxime), le principe déterminant de la volonté : alors ce principe est une loi pratique a priori, et la raison pure est regardée comme pratique par elle-même. Dans ce cas, la loi détermine immédiatement la volonté ; l’action qui lui est conforme est bonne en soi ; une volonté, dont la maxime est toujours conforme à cette loi, est bonne absolument, à tous égards, et elle est la condition suprême de tout bien. Ou bien la maxime de la volonté a pour origine un principe déterminant de la faculté de désirer : alors cette volonté

  1. * Wolh et Weh.
  2. ** gut, böse.
  3. *** gut, böse.
  4. **** wohl, übel.