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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


sens intime, ou comme existant seulement dans le temps, soit comme objet des sens extérieurs, ou comme existant à la fois dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire à cette vraie liberté, qui seule est pratique a priori, et sans laquelle il n’y a pas de loi morale, pas d’imputation morale possible. Aussi peut-on appeler mécanisme de la nature toute nécessité d’événements arrivant dans le temps suivant la loi physique de la causalité, sans entendre par là que toutes les choses soumises à ce mécanisme doivent être réellement des machines matérielles. On ne regarde ici que la nécessité de la liaison des événements dans une série de temps, telle qu’elle se développe suivant la loi de la nature, soit qu’on appelle le sujet, dans lequel a lieu ce développement, automaton materiale, lorsque la machine est mue par la matière, ou, avec Leibnitz, automaton spirituale, lorsqu’elle est mue par des représentations ; et, si la liberté de notre volonté n’était pas autre chose (que cette liberté psychologique et relative, qui n’a rien de transcendental, c’est-à-dire d’absolu), elle ne vaudrait guère mieux que celle d’un tourne-broche, qui, une fois monté, exécute de lui-même ses mouvements.

Or, pour lever la contradiction apparente que nous trouvons ici entre le mécanisme de la nature et la liberté dans une seule et même action, il faut se rappeler ce qui a été dit dans la critique de la raison pure, ou ce qui s’en suit. La nécessité physique, qui ne peut exister avec la liberté du sujet, ne s’attache qu’aux déterminations d’une chose soumise aux conditions du