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EXAMEN CRITIQUE DE L'ANALYTIQUE


conserver dans leur système syncrétique, quoiqu’ils ne puissent faire comprendre la possibilité de cette imputation). Mais le repentir, comme douleur, est tout à fait légitime, car la raison, quand il s’agit de la loi de notre existence intelligible (de la loi morale), ne reconnait aucune distinction de temps ; elle ne demande qu’une chose, savoir si le fait nous appartient comme action ; et, dans ce cas, que cette action soit faite dans le moment même, ou qu’elle soit passée depuis longtemps, elle y lie toujours moralement le même sentiment. En effet la vie sensible a relativement à la conscience intelligible de son existence (de la liberté) l’unité absolue d’un phénomène, qui, en tant qu’il contient simplement des phénomènes d’intention morale *[1] (de caractère), ne doit pas être jugé d’après la nécessité physique, sous laquelle il rentre comme phénomène, mais d’après l’absolue spontanéité de la liberté. On peut donc accorder que, s’il nous était possible de pénétrer l’âme d’un homme, telle qu’elle se révèle par des actes aussi bien internes qu’externes, assez profondément pour connaître tous les mobiles, même les plus légers, qui peuvent la déterminer, et de tenir compte en même temps de toutes les occasions extérieures qui peuvent agir sur elle, nous pourrions calculer la conduite future de cet homme avec autant de certitude qu’une éclipse de lune ou de soleil, tout en continuant de le déclarer libre. En effet, si nous possédions une autre manière de connaître (que celle que nous avons, laquelle se borne ici à un concept

  1. * Erscheinungen von der Gesinnung, die das moralische Gesetz angeht.
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