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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.


Mais, au point de vue pratique, des propriétés d’un entendement et d’une volonté, il nous reste encore le concept d’un rapport auquel la loi morale (qui précisément détermine a priori ce rapport de l’entendement à la volonté) donne de la réalité objective. Dès lors le concept de l’objet d’une volonté moralement déterminée (le concept du souverain bien), et avec lui les conditions de la possibilité de cet objet, les idées de Dieu, de la liberté et de l’immortalité reçoivent de la réalité, mais seulement relativement à la pratique de la loi morale (et non pour un ouvrage spéculatif).

Après ces observations il est aisé de répondre à l’importante question de savoir si le concept de Bien appartient à la physique (par conséquent aussi, à la métaphysique, en tant qu’elle contient seulement les principes purs a priori de la première en général), ou s’il appartient à la morale. Avoir recours à Dieu, comme à l’auteur de toutes choses, pour expliquer les dispositions de la nature ou ses changements, ce n’est pas du moins donner de ces dispositions ou de ces changements une explication physique, et c’est toujours avouer qu’on est au bout de sa philosophie, puisqu’on est forcé d’admettre quelque chose dont on n’a d’ailleurs aucun concept, pour pouvoir se faire un concept de la possibilité de ce qu’on a devant tes yeux. Mais la métaphysique ne nous permet pas de nous élever par des raisonnements sûrs de la connaissance de ce monde au concept de Dieu et à la preuve de son existence ; car, pour dire que ce monde n’est possible que par un Dieu (par un être