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MÉTHODOLOGIE DE LA R. PURE PRATIQUE.


portent sur la valeur morale de telle ou telle action, et ont pour but de décider du caractère de quelque personne. Ceux à qui d’ailleurs tout ce qui est subtil et raffiné dans les questions théoriques parait sec et rebutant se mêlent à la conversation, aussitôt qu’il s’agit de juger de la valeur morale d’une action, bonne ou mauvaise, que l’on raconte, et montrent, dans la recherche de tout ce qui peut diminuer, ou seulement rendre suspecte la pureté de l’intention, et, par conséquent, le degré de vertu de cette action, une exactitude, une subtilité, un raffinement d’esprit qu’on ne peut attendre d’eux en aucune matière de spéculation. On peut voir souvent se révéler, dans ces jugements portés sur autrui, le caractère des personnes : en exerçant leur critique sur les autres, principalement sur les morts, les uns paraissent surtout enclins à défendre le bien qu’on raconte de telle ou telle action contre toutes les insinuations qui peuvent porter atteinte à la pureté de l’intention, et enfin toute la valeur morale de la personne contre le reproche de dissimulation et de malice secrète, tandis que d’autres paraissent se plaire davantage à chercher des motifs de blâme et d’accusation. Il ne faut pas toujours attribuer à ces derniers le dessein de bannir la vertu de toutes les actions humaines qu’on peut citer comme exemples, afin de n’en plus faire qu’un vain mot ; c’est souvent une bonne intention qui les rend sévères dans l’appréciation de la valeur morale des actions : ils jugent d’après une loi qui ne compose point, et qui, prise elle-même, à la place des exemples, pour terme de com-