Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
387
MÉTHODOLOGIE DE LA R. PURE PRATIQUE.


certain intérêt pour la loi même d’après laquelle nous jugeons, et, par conséquent, pour les actions moralement bonnes. Nous finissons par aimer les choses dans la contemplation desquelles nous sentons croître le développement de nos facultés de connaître ; et les choses morales ont surtout cet effet, car c’est seulement dans cet ordre de choses que la raison peut développer d’une manière tout à fait heureuse sa faculté de déterminer a priori suivant des principes ce qui doit être. Un observateur de la nature se prend à aimer certains objets, qui d’abord lui répugnaient, lorsqu’il découvre une merveilleuse finalité dans son organisation, et que sa raison s’applique à cette contemplation, et Leibnitz, après avoir soigneusement examiné un insecte avec un microscope, le replaça avec précaution sur la feuille où il l’avait pris, parce que ce spectacle l’avait instruit et lui avait été comme un bienfait.

Mais cette occupation du jugement qui nous fait sentir le développement de nos facultés de connaître n’est pas encore l’intérêt qui s’attache aux actions et à leur moralité même. Elle fait seulement qu’on se plait dans cette sorte de jugements et qu’on donne à la vertu ou à l’intention morale une forme de beauté qu’on admire mais qu’on ne recherche pas pour cela (laudatur et alget). C’est ainsi que tout ce dont la contemplation produit subjectivement la conscience de l’harmonie de nos facultés représentatives, et nous fait sentir le développement de toutes les forces de notre faculté de connaître (l’entendement et l’imagination), détermine une satisfaction qui peut être