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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/123

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DEUXIÈME SECTION


ne pourrait être vraiment réalisé que par ces maximes dont l’impératif prescrit la règle à tous les êtres raisonnables, à condition qu’elles fussent universellement suivies. Mais, bien que l’être raisonnable ne puisse guère espérer que tous les autres soient fidèles à cette maxime,.encore qu’il l’observe lui-même ponctuellement, ni que le règne de la nalure, avec l’ordre de finalité qui s’y manifeste, se mette enharmonie avec sa propre personne, de manière à réaliser un règne « les fins qu’il rendrait possible et dont il serait le digne membre, c’est-à-dire lui donne le bonheur qu’il attend, malgré tout cela celte loi : agis d’après les maximes qui conviennent à un membre législateur dans un règne seulement possible « les fins, conserve la plénitude de sa force, parce qu’elle ordonne d’une manière catégorique. Et c’est en cela précisément que consiste ce paradoxe : que la simple dignité de l’humanité consiilérée comme nature raisonnable, indépendamment de toul résultat avantageux que l’on puisse obtenir, et, par suite, que le respect pour une simple idée doive servir de règle inviolable à la volonté ; que l’indépendance de la maxime à l’égard de tous les penchants de cette espèce soil justement ce qui en fait la sublimité, ce qui rend tout être raisonnable « ligne de devenir membre législateur dans un règne « les fins ; car autrement on ne

l’idée de règne implique l’idée de finalité, et même que, si le règne de la nature est analogue au règne des fins, ce n’est pas seulement parce qu’il est soumis à des règles, mais surtout parce qu’il a une lin qui est, en somme, la même que celle du règne des volontés pures, cette lin, c’é.-t l’ensemble des êtres raisonnables, qui semblent être considérés ici comme la raison d’être de celle machine qu’est la nature. Dans la Critique du jugement, Kant déclare que « sans les hommes toute

la création serait déserte, inutile el sans but final ». Or, ce qui peut faire de l’homme le but final de la nature.ee n’est passon intelligence, en tant qu’elle peut contempler le monde ; ce n’est pas non plus sa sensibilité, en tant qu’elle peut être satisfaite par la nature, c’est la faculté qu’il a d’agir en être libre, c’est sa bonne volonté, • la seul » chose qui puisse donner à l’existence de l’homme une valeur absolue et à celle du monde un but final. » (liarni, p. ÎM-Iii.)