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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/137

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TROISIÈME SECTION


l’activité de tous les êtres raisonnables doués do volonté. Je dis donc : un être qui no peut agir quo sous Vidée de la liberté est, par là même, vraiment libre au point de vue pratique, c’est-à-dire quo toutes les lois qui sont inséparablement associées à l’idée « le liberté sont valables pour lui, absolument comme si la liberté de sa volonté eu elle-même avait été expliquée d’une manière valable, au point de vue de la philosophie théorique*. Or j’affirme que nous devons nécessairement accorder à tout être raisonnablo doué de volonté l’idéo do la liberté, comme étant la condition même de son activité’.En effet l’idée d’un tel être implique cello d’une raison qui est pratique, c’est-à-dire qui exerce uno action causale à l’égard do ses objets. Or il est impossible do concevoir uno raison qui, ayant conscience d’être elle-même l’auteur do ses jugements, recevrait du dehors sa direction, car alors lo sujet devrait attribuer la détermination do sa faculté de juger non pas à sa raison mais à une inclination. Sa

  • La méthode que je suis, et que je crois suffisante pour le but que je me propose, consiste ï admettre la liberté comme une simple idée que tous les êtres raisonnables prennent comme principe de leur conduite ; je l’ai adoptée pour ne pas être obligé de démontrer la liberté au point de vue théorique. Car, quand même cette dernière démonstration ne pourrait être faite, les lois qui obligeraient un être vraiment libre n’en seraient pas moins valables pour un être qui ne pourrait agir que d’après l’idée de sa propre liberté. Nous pouvons donc ici nous débarrasser du fardeau qui pèse sur iz théorie (N. de K.).

i. Kant veut dire ceci : Un être raisonnable ne peut agir en tant qu’être raisonnable qu’à la condition de se supposer libre (dans le sens du mot liberté indiqué plus haut). Si, en effet, il obéit a une causalité autre que celle de sa raison, il n’agit plus en tant qu’être raisonnable. Quant à la méthode que Kant se propose ici de suivre, il l’explique suffisamment dans la note qu’il a ajoutée au texte. Cette méthode est toujours la même que celle qui a été suivie dans la deuxième section : Si l’être peut agir comme personne raisonnable il doit supposer qu’il est libre. Mais reste à savoir si cette liberté est réelle Kant montrera que la distinction du phénomène et du noumène la rend possible, on pourrait même dire probable.


kant. 7