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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/51

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PREMIÈRE SECTION



PREMIÈRE SECTION


PASSAGE DE LA CONNAISSANCE MORALE
DE LA RAISON POPULAIRE
A LA CONNAISSANCE PHILOSOPHIQUE


De toutes les choses que nous pouvons concevoir en ce monde ou même, d’une manière générale, hors de ce monde, il n’y en a aucune qui puisse être considérée comme bonne sans restriction, a part une seule : une bonne volonté. L’intelligence, l’esprit, le jugement et les autres talents de l’esprit, de quelque nom qu’on les appelle, ou bien encore le courage, la décision, la persévérance dans les entreprises, c’est-à-dire les qualités du tempérament 1[1] sont à coup sûr à bien des points de vue des choses bonnes et désirables ; mais elles peuvent aussi devenir extrêmement mauvaises et dangereuses si la volonté, qui doit faire usagé de ces dons naturels et dont la constitution particulière s’appelle le caractère 2[2], n’est pas une bonne volonté. On peut en dire autant des dons de la fortune. Le pouvoir, la richesse, la considération, même la santé et tout ce qui constitue le bien-être et le contentement de son sort, en un mot tout ce que l’on appelle le bonheur, engendre une confiance qui souvent devient

  1. 1. Le tempérament consiste d’après l’Anthropologie de Kant (liv. II, 2e partie, A) dans la manière dont nous désirons et dont nous sommes affectés. Chaque tempérament a ses vertus propres. Ainsi : le courage appartient au tempérament colérique, la persévérance au tempérament flegmatique, etc.
  2. 2. Le caractère consiste essentiellement dans la volonté en tant qu’elle obéit à des principes (et non à des désirs et a des émotions), c’est-à-dire dans la volonté libre (Anthropologie, liv. II, 2e partie, A).