Aller au contenu

Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
25
PREMIÈRE SECTION


que la conformité à une loi universelle qui puisse servir de principe à la volonté, c’est-à-dire : je dois toujours agir de telle manière que je puisse vouloir aussi que ma maxime devienne une loi universelle. Cette simple conformité à la loi en général (sans poser aucune loi déterminée applicable à des actions déterminées) est ce qui sert de principe à la volonté et aussi ce qui doit lui servir do principe, si le devoir n’est pas une vaine illusion cl un concept chimérique. Le bon sens populaire est ici parfaitement d’accord avec moi dans ses jugements pratiques et a toujours devant les yeux le principe auquel nous pensons.

Posons-nous, par exemple, la question suivante : No puis-je pas, lorsque je suis dans l’embarras, faire une promesse avec l’intcnlion de ne pas la tenir ? Je distingue aisément ici les deux sens que peut avoir cette question : Est-il habile, ou bien est-il conforme au devoir, de faire une promesse trompeuse ? Sans doute il peut souvent arriver que le premier cas se présente ; à la vérité je vois bien qu’il ne suffit pas d’échapper par cet expédient à l’embarras présent el qu’il faut examiner avec soin si ce mensonge no m’attirera pas, pour plus tard, des difficultés bien plus grandes que celles dont je me délivre maintenant ; et comme, en dépit de toute la finesse que je m’attribue, il n’est pas si facile de prévoir tontes les conséquences de cette action, je dois penser que la perte de la confiance des autres peut me faire bien plus de tort un jour que tout le mal que je pense éviter maintenant, je peux me demander enfin s’il ne serait pas plus habile de suivre en celle occasion une maxime universelle et de me faire une habitude de no pas promettre sans avoir l’intention de tenir. Mais il m’apparaît bientôt qu’une pareille maxime repose toujours sur la crainte des conséquences. Or, c’est tout autre chose d’être sincère par devoir, ou de l’être par appréhension des consé-