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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/85

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DEUXIÈME SECTION


qu’il leur fait d’ordinaire négliger le soin de former et de rectifier le jugement de leurs enfants sur la valeur des choses qu’ils pourront se proposer pour fins.

11 y a pourtant une fin dont on peut supposer que tous les êtres raisonnables la poursuivent réellement, (en tant qu’ils subissent des impératifs comme êtres dépendants), une fin dont il ne faut pas dire qu’ils peuvent seulement se la proposer, mais qu’ils se la proposent tous par une sorte de nécessité de la nature, celte fin c’est le bonheur. L’impératif hypothétique qui nous représente la nécessité pratique d’une action co : nm3 moyc-i pour acquérir le bonheur est asserlorique. On ne doit pas présenter cet impératif comme nécessaire seulement pour un but incertain et simplement possible, mais pour un but que l’on peut supposer avec certitude et a priori chez tous les hommes, parce qu’il convient à leur nature. On peut donnera l’habileté dans le choix des moyens propres à nous assurer la plus grande somme possible de bien-êlrc, le nom de Prudence*, dans le sens le plus étroit du mot. Ainsi l’impératif qui se rapporte au choix des moyens pour devenir personnellement heureux, c’est-à-dire le précepte de la prudence est toujours hyimlhêtiqne. L’acte n’est pas ordonné d’une manière absolue, mais seulement comme moyen en vue d’une autre fin.

Enfin il y a un impératif qui nous ordonne immédialemenl une ccrlaine conduite, sans lui donner comme condition une autre fin que cette conduite permettrait

  • Le mol prudence esl pris dans deux sens différents : tantôt il désigne la prudence dans nos rapports avec le monde, tantôt la prudence personnelle. La première esl l’habileté d’un homme à exercer de l’influence sur les autres, de manière à se servir d’eux pour s ? s fins. La seconde est étalent de réunir toutes ces tins en vue d’obtenir un avantage personnel durable. C’est à celle dernière forme de prudence qu’il faut ramener ce qui fail la va’eur de la première ; et de celui qui se montrerait prudent dan3 le premier sens, mais non dans le second, on pourrai ! dire qu’il est avisé, esl rusé, mais qu’en somme il n’est pas prudent (N. de K.).