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116 LOGIQUE.

a) Le préjugé qui tient à la considération des personnes. — Lorsque, dans les choses qui reposent sur l’expérience et le témoignage, nous faisons porter notre connaissance sur la considération que nous avons pour d’autres personnes, nous ne tombons pas dans un préjugé ; car, en fait de choses de cette nature, comme nous ne pouvons pas tout connaître par nous-mêmes, ni tout embrasser avec notre entendement propre, nous basons nos jugements sur la considération due aux personnes. — Mais, si nous fondons nos jugements, en fait de connaissances rationnelles, sur la considération que nous accordons aux autres, ces connaissances ne sont pour nous que de véritables préjugés, car les vérités rationnelles valent anonymement ; il n’est pas question de savoir qui est-ce qui a dit cette chose, mais qu’est-ce qu’on a dit. Qu’importe qu’une connaissance soit ou ne soit pas de noble origine ! Et cependant, le penchant à la considération des grands hommes en matière scientifique est très-commun, tant à cause des limites de la pénétration ordinaire, que par le désir d’imiter ce que nous croyons grand. Notre vanité se trouve encore indirectement satisfaite par le respect que nous portons à quelque homme de génie. De même que les sujets d’un despote puissant sont fiers d’être tous traités par lui de la même manière, puisque le plus petit peut se croire égal au plus grand, tous deux n’étant également rien