Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/139

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sur ses actions libres, sur la Providence, sur la marche de sa justice et de sa bonté, est encore si peu déve­loppé dans les notions que nous avons en nous de ses déterminations, que nous ne pouvons avoir dans cette science qu’une certitude approximative, une certitude morale.


§ II. — Les premiers fondements de la morale, d’après leur état actuel, ne sont pas encore susceptibles de toute l’évidence nécessaire.


Pour le faire voir clairement, je prouverai combien la première notion même de l’obligation est encore peu connue, et combien, par conséquent, on doit être loin de donner, dans la philosophie pratique, aux notions et aux propositions fondamentales, la clarté et la certitude nécessaires à l’évidence. On doit faire telle ou telle chose, s’abstenir de telle ou de telle autre ; telle est la formule sous laquelle chaque obligation est proclamée. Or tout devoir exprime une nécessité de l’action, et peut s’entendre de deux manières. Je dois ou faire quelque chose (comme moyen), si je veux quelque autre chose (comme fin) ; ou je dois immédiatement faire quelque autre chose (comme fin), et le réaliser. La première de ces nécessités peut s’appeler une nécessité de moyen (necessitatem problematicam) ; la deuxième, une nécessité de fin (ne­cessitatem legalem). La première espèce de néces­sité n’indique absolument aucune obligation, mais