Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/282

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l'une trairait un bouc dans un tamis tenu par l'autre. La présence des choses immatérielles dans le monde des corps est une présence virtuelle, et non locale (quoi­qu'elle soit improprement appelée ainsi) ; l'espace con­tient les conditions des actions mutuelles possibles de la matière seule; quant aux^ rapports externes des forces propres aux choses immatérielles, tant entre elles qu'avec les corps, c'est ce qui échappe complète­ment à l'esprit humain, ainsi que l'a judicieusement remarqué le perspicace Euler, grand investigateur et grande autorité dans un autre ordre de faits (dans ses Lettres à une princesse d'Allemagne). Mais quand ils arrivent à la notion d'un être suprême et au de­hors du monde, il est impossible de dire jusqu'à quel point ils sont le jouet de ces ombres qui tourbillonnent autour de leur entendement. Ils imaginent une pré-sence locale de Dieu ; ils enveloppent Dieu du monde, puis il le conçoivent comme contenu dans un espace infini, pour le dédommager de celte limitation, en ima­ginant une localité conçue comme par excellence (per eminentiam), c'est-à-dire infinie. Mais il est absolu­ment impossible d'être en même temps dans plusieurs lieux, parce que les lieux divers sont respectivement en dehors les uns des autres, et qu'aiusice qui est en plusieurs lieux est en dehors de soi-même et présent ex­térieurement à soi-même, ce qui implique. Pour ce qui est du temps, ils ne se bornent pas à soustraire les lois