Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/374

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de beaucoup mieux prouvés, si d'ailleurs ils n'étaient pas recommandés par la très-juste maxime ration­nelle : d'éprouver tout ce qui est présumé par des phénomènes donnés, avant d'admettre a l'appui des forces naturelles particulières ou des dispositions innées (suivant le principe : Principia prœter necessitatem non sunt multiplicanda). Mais j'ai contre moi une autre maxime qui limite celle de l'écono­mie des principes inutiles, à savoir : que dans toute nature organique, malgré tous les changements des individus, les espèces s'en conservent invariablement (suivant la formule de l'École : Quœlibet natura est conservatrix sui). Or, il est clair que si la magie de l'imagination ou l'artifice humain avait le pouvoir de changer chez les animaux la force géné­ratrice même, de transformer le modèle initial de la nature, ou de le défigurer par des additions qui seraient néanmoins conservées à perpétuité dans les générations suivantes, on ne saurait plus du tout de quel original la nature est partie, ni jusqu'où peut aller le changement dont elle serait susceptible, ni, comme l'imagination humaine n'a pas de bornes, jus­qu'à quel point pourraient être défigurés les genres et les espèces. En conséquence, j'admets le principe : de n'accorder à l'imagination aucun pouvoir de troubler la force génératrice de la nature, ni aucune faculté aux hommes de produire par des moyens arti-