Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/43

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à la nécessité absolue, qu’il n’existe qu’un seul être absolument nécessaire.

Scolie. Voilà une démonstration de l’existence de Dieu aussi essentielle que possible ; et bien qu’il n’y ait pas lieu à une démonstration génétique proprement dite, elle est cependant fondée sur une raison parfaitement première, à savoir, la possibilité même des choses. D’où il résulte que si l’on fait disparaître Dieu par la pensée, ce n’est pas seulement l’existence des choses qui succombe avec lui, c’est encore leur possibilité intrinsèque. Car bien qu’on ait coutume d’appeler absolument nécessaires des essences (qui consistent dans la possibilité interne), il serait plus juste de dire qu’elles conviennent aux choses d’une manière absolument nécessaire. En effet, l’essence du triangle, qui consiste dans l’assemblage de trois côtés, n’est pas nécessaire en soi ; quel est, en effet, celui qui, sain d’esprit, soutiendrait qu’il est nécessaire en soi que trois côtés soient toujours conçus réunis ? J’accorde bien que cette réunion est nécessaire au triangle, c’est-à-dire que, posé l’hypothèse que le triangle soit conçu ou pensé, on conçoit nécessairement trois côtés. Ce qui revient à dire que si quelque chose existe il existe. Mais de savoir comment il serait possible d’avoir la pensée des notions de côtés, d’espace à renfermer, etc., c’est-à-dire comment il y a en général quelque chose susceptible d’être conçu,