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Vénus, et ainsi de suite ? As-tu jamais été entraîné au mal, à ton corps défendant ?

Caius. — Je ne le nie pas le moins du monde. Je sais bien que ce n’est pas de vive force, et tout en résistant avec courage que j’aurais été entraîné violemment à mal faire. C’est en toute connaissance de cause et avec pleine volonté que j’ai été l’esclave de mes vices. Mais d’où m’est venue cette inclination de ma volonté vers le mal ? Avant que j’eusse mal fait, alors que les lois divines et humaines m’invitaient, dans mon hésitation, à les suivre, n’était-il pas déterminé déjà par l’ensemble des raisons, que j’irais plutôt au mal qu’au bien ? Quand une raison complète de tout point existe, est-il plus possible d’en empêcher l’effet que de faire que ce qui est accompli ne le soit pas ? Or, dans ton système, toute inclination de ma volonté a été parfaitement déterminée par une raison antécédente, et celle-ci par une raison antérieure, et toujours ainsi jusqu’au début de toutes choses.

Titius. — Je dissiperai cependant tes scrupules. La série des raisons impliquées dans chaque point de toute action à faire, a fourni des mobiles attrayants pour et contre ; — tu t’es rendu de ton plein gré aux uns ou aux autres, parce que tu as trouvé plus agréable d’agir ainsi qu’autrement. Mais, dis-tu, il était déjà décidé par l’ensemble des raisons que tu inclinerais dans le sens prédéterminé. Penses-tu donc que l’in-