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KANT. — PÉDAGOGIE.


préparer ainsi à la plus douce de toutes les jouissances de la vie. De leur côté, les maîtres ne doivent préférer aucun d’entre eux pour ses talents, mais seulement pour son caractère ; autrement il en résulterait une jalousie qui serait contraire à l’amitié.

Les enfants doivent aussi être candides, et leurs regards doivent être aussi sereins que le soleil. Un cœur content est seul capable de trouver du plaisir dans le bien. Toute religion qui assombrit l’homme est fausse, car il doit servir Dieu avec plaisir et non par contrainte. Il ne faut pas toujours retenir la gaieté sous la dure contrainte de l’école, car dans ce cas elle serait bientôt anéantie. La liberté l’entretient. C’est à cela que servent certains jeux où le cœur s’épanouit et où l’enfant s’efforce toujours de devancer ou de surpasser ses camarades. L’âme redevient alors sereine. Beaucoup de gens regardent le temps de leur jeunesse comme le plus heureux et le plus agréable de leur vie. Mais il n’en est pas ainsi. Ce sont les années les plus pénibles, parce qu’on est alors sous le joug, qu’on peut rarement avoir un ami véritable et plus rarement encore jouir de la liberté. Horace avait déjà dit : Multa tulit fecitque puer, sudavit et alsit 1[1].




(Sommaire. — Que l’enfant ne doit avoir que l’intelligence d’un enfant, p.101.)

Les enfants ne doivent être instruits que des choses qui conviennent à leur âge. Bien des parents se réjouis-

  1. 1. « L’enfant a beaucoup supporté et beaucoup fait. Il a sué et il a gelé. »  »