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DU CARACTÈRE.


et que cela pourrait m’être contraire ; en été, sur ce qu’il est bon de dormir et que le sommeil m’est alors particulièrement agréable ; et si je remets ainsi de jour en jour l’exécution de ma résolution, je finis pas perdre toute confiance en moi-même.

Ce qui est contraire à la morale doit être exclu des résolutions de ce genre. Dans un homme méchant le caractère est très-mauvais, mais on l’appelle déjà de l’opiniâtreté, et même alors on aime à voir quelqu’un exécuter ses résolutions et s’y montrer constant, quoique l’on préférât le voir tel dans le bien.

Il n’y a pas beaucoup à compter sur quelqu’un qui ajourne toujours l’exécution de ses desseins, comme sa future conversion. En effet, un homme qui a toujours vécu dans le vice et qui veut être converti en un instant, ne peut y parvenir ; il faudrait un miracle pour qu’il devint tout d’un coup ce qu’est celui qui toute sa vie s’est bien conduit et n’a jamais eu que de bonnes pensées. Il n’y a non plus rien à attendre des pèlerinages, des mortifications et des jeûnes, car on ne voit pas en quoi ces pèlerinages et d’autres usages de ce genre peuvent contribuer à faire d’un homme vicieux un homme vertueux.

Quel profit pour l’honnêteté et pour l’amélioration des mœurs, de jeûner pendant le jour sauf à manger davantage pendant la nuit, ou d’infliger à son corps une expiation qui ne saurait contribuer en rien à la conversion de l’âme ?

Si l’on veut fonder dans les enfants un caractère moral, il importe de ne pas perdre de vue les observations suivantes :

Il faut leur indiquer, autant que possible, par des