Page:Kant-Traité de pédagogie (trad. Barni), 1886.pdf/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
KANT. — PÉDAGOGIE.

La partie positive de l’éducation physique est la culture. C’est par là que l’homme se distingue de l’animal. Elle consiste surtout dans l’exercice des facultés de son esprit. C’est pourquoi les parents doivent fournir à leurs enfants les occasions favorables. La première et la principale règle ici est de se passer, autant que possible, de tout instrument. C’est ainsi que l’on se passe d’abord de lisières et de roulettes, et qu’on laisse l’enfant se traîner par terre, jusqu’à ce qu’il apprenne à marcher par lui-même, car il n’en marchera que plus sûrement. Les instruments en effet ruinent l’habileté naturelle. Ainsi l’on se sert d’un cordeau pour mesurer une certaine étendue, mais on peut tout aussi bien en venir à bout avec la seule vue ; on se sert d’une montre pour déterminer le temps, mais il suffirait de consulter la position du soleil ; on se sert d’un compas pour connaître dans quelle région une forêt est placée, mais on peut le savoir par la position du soleil pendant le jour et par celle des étoiles pendant la nuit. Ajoutons même qu’au lieu de se servir d’une barque pour aller sur l’eau, on peut nager. L’illustre Franklin s’étonnait que chacun n’apprît pas une chose si agréable et si utile. Il indique aussi une manière facile d’apprendre par soi-même à nager. Laissez tomber un œuf dans une rivière où, en vous tenant debout sur le fond, vous ayez au moins la tête hors de l’eau. Cherchez alors à le saisir. En vous baissant, vous faites remonter vos pieds en haut, et, afin que l’eau ne vous entre point dans la bouche, vous relevez la tête sur la nuque, et vous avez justement la position qui est nécessaire pour nager. Vous n’avez plus besoin alors que de faire agir les mains, et vous nagez. — L’essentiel est de cultiver