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INTRODUCTION.


doit être ici renvoyée à l’Éthique. D’après le même principe, les devoirs de bienveillance, quoique ce soient des devoirs extérieurs (quoiqu’ils nous obligent à des actions extérieures), rentrent néanmoins dans l’Éthique, parce que la législation n’en peut être qu’intérieure. — L’Éthique a sans doute aussi ses devoirs particuliers (par exemple les devoirs envers soi-même), mais elle en a d’autres en commun avec le droit : il n’y a dans ce cas que le mode d’obligation[1] qui diffère. En effet, le propre de la législation éthique, c’est de nous ordonner de faire certaines actions par ce seul motif que ce sont des devoirs, et de donner uniquement pour mobile à la volonté le principe du devoir même, d’où que vienne ce devoir. Il y a donc vraiment des devoirs directement éthiques[2] ; mais la législation intérieure fait aussi de tous les autres des devoirs éthiques indirectement[3].


IV.


PROLÉGOMÈNES À LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


(Philosophia pratica universalis.)


Le concept de la liberté est un concept purement rationnel, et, à ce titre, transcendant pour la philosophie théorétique, c’est-à-dire qu’on ne saurait trouver en aucune expérience possible d’exemple qui s’y applique, et que par conséquent il ne répond point à l’objet d’une connaissance théorétique possible pour nous, et n’a point du tout, aux yeux de la raison spéculative,

  1. Art der Verpflichtung.
  2. Direct-ethische Pflichten.
  3. Indirect-ethische.